Hiver 2019 / 2020
LE COIN DE L’AINÉ
‘‘Dans le parcours de cette vie, nous avons reçu plusieurs outils
qui aident à rester concentré, fort et en paix.
Ces outils sont les Sept Enseignements des Grands-Pères.
Nous sommes des plus chanceux de les avoir.
Force, Paix et Amour à toutes nos Sœurs et nos Frères’’
DEMEURER EN SÉCURITÉ
Mesures prises afin de garder notre communauté de guérison en santé et sécurité durant la crise du COVID-19
Avec la pandémie déclarée du Covid-19 (Maladie à Coronavirus), maintenir les membres (résidents et employés) de la communauté de guérison Waseskun en santé et sécurité est notre priorité absolue. Nous sommes ravis de partager qu’à ce jour, nous n’avons aucun cas, présumé ou confirmé, d’infection au virus parmi nos résidents ni nos employés et que nous sommes engagés à faire de notre mieux afin de maintenir la situation ainsi.
Des procédures et pratiques sanitaires strictes et rigoureuses ont été mises en place, doublées de sessions d’information pour les résidents et le personnel pour une mise en œuvre efficace et réussie. Tout le personnel suit des procédures spéciales afin de s’assurer de ne pas faire entrer le virus dans la communauté. Nous avons fait le plein de nourriture, de produits nettoyants et désinfectants, et de matériel d’urgence médical.
Des mise-à-jours du Québec, du Canada, du SCQ et du SCC sont reçues et partagées quotidiennement avec les résidents. Waseskun travaille de près avec l’équipe médicale du SCC pour des mise-à-jours, des conseils, et des préparations de soutien et services advenant que quelqu’un tombe malade. Nous pratiquons une communication ouverte et transparente entre le personnel et les résidents et encourageons une bonne collaboration parmi tous les membres de la communauté.
Un comité de résidents a été mis sur pied pour informer, soutenir et évaluer la situation du coronavirus et pour mettre de l’avant des idées de mesures additionnelles pour garder notre communauté en santé et sécurité. De nouvelles pratiques et tâches ont été introduites dans la communauté afin de s’adapter à cette crise et de maintenir la santé et la sécurité.
Waseskun a fait sa priorité de maintenir des services réguliers et des activités lorsque possible. Les résidents et le personnel peuvent se déplacer librement sur la propriété (en suivant les mesures et nouvelles procédures qui ont été mises en place). D’ailleurs, nous avons limité les contacts de personne à personne au maximum et restreignons les groupes à un maximum de 10 personnes dans les programmes et activités, afin de maintenir une distanciation de 2 mètres entre chaque personne. Les membres du personnel sont très conscients et sensibles aux inquiétudes des résidents en lien avec leurs familles à la maison et font de leur mieux afin de faciliter les communications entre eux et offrir leur soutien avec empathie et compréhension.
Tout le monde à Waseskun travaille ensemble en tant que communauté afin de traverser cette période de crise. Nous souhaitons à tous la santé et le bien-être.
NOЁL À WASESKUN
Par : Kenneth B.
Noël à Waseskun est toujours une période passionnante de l’année. Plusieurs événements et activités ont lieu afin que les résidents se sentent comme chez eux. C’est aussi une bonne occasion de donner aux résidents un repos de la programmation intensive, et de se remettre des effets institutionnalisants des Noëls passés en prison.
Le personnel de Waseskun fait d’énormes efforts et des contributions personnelles en temps et en argent car il sait que certains résidents n’ont jamais vécu un bon Noël, ou, en fait, n’ont que des souvenirs de mauvais. C’est une période de l’année particulièrement difficile pour quiconque souffre de toxicomanie ou d’alcoolisme.
Tous les événements ont été structurés par des bénévoles de la communauté afin que tout se déroule bien et tous les résidents se sont bien amusés. Deux résidents ont dirigé l’organisation des événements et deux autres ont fourni un soutien logistique.
Hockey, la fusillade !
La fusillade a testé les habiletés des joueurs de hockey parmi les résidents pour voir qui était prêt à priser. Les meilleurs athlètes sont arrivés et les rondelles volaient ! La première place revient à Donaven M.
Tournoi de Crib !
Le Crib est un jeu de cartes pour les chanceux et les stratégiques. Tous les joueurs y ont donné leur meilleur et la participation a été bonne avec environ la moitié des résidents. Curtis G. a été le grand gagnant.
Films et pop-corn !
La veille de Noël, nous avons regardé un double long métrage – Joker et Ad Astra. Normand (Aidant) a non seulement eu la gentillesse de fournir les films mais a aussi acheté des rafraîchissements à la cantine à l’entracte. Le lendemain, nous avons regardé Men In Black:
International également gracieuseté de membres du personnel qui ont aussi fourni le popcorn au beurre afin que les résidents aient amplement à grignoter.
La vente aux enchères chinoise !
C’est un jeu auquel tout le monde participe parce que c’est juste très amusant. Deux membres du personnel ont fait partie intégrante de cet événement. Cela implique d’acheter et d’emballer des cadeaux pour que chaque personne reçoive quelque chose. Tous les
cadeaux sont différents, et l’astuce consiste à obtenir le cadeau que vous désirez en le volant à votre concurrent. Finalement, tout le monde gagne ! Le plaisir est de ne pas savoir avec quel cadeau vous vous retrouverez. Tout le monde aime vraiment ce jeu.
Courses de chevaux !
Tous les résidents ont également participé à ce jeu. Aucun cheval réel n’a été blessé lors de la réalisation de cet événement. Il s’agit d’un jeu de dés qui utilise de gros substituts en bois et une très grande grille collée au sol. Plus de douze séries de lancers de dés à s’en mordre les ongles et les gagnants étaient tous pratiquement nez à nez.
Bingo !
Un de nos résidents a fait un excellent travail de maître de cérémonie et d’appeleur et gardant les choses intéressantes en utilisant des dispositions de cartes uniques.
Jeu du lancer des dés pour desserts !
Ceci est un jeu de dés et donc de chance. Les nombres les plus hauts et les plus bas gagnent la marchandise. Merci encore à un membre du personnel et à sa sœur pour leurs merveilleuses pâtisseries.
Chasse au trésor !
Ce jeu a été mis en place par un résident, qui a déployé beaucoup d’efforts afin de s’assurer que ce ne soit pas seulement difficile, mais que nous fassions beaucoup d’exercice. Les joueurs ont couru partout pour résoudre les énigmes des tests de compétences. Chacun a
dû perdre 10 livres avec toute cette course!
Tournoi d’échec !
Le jeu des intellectuels. Ces joueurs sont les meilleurs des meilleurs, dont certains jouent contre des ordinateurs et gagnent. Daryle K. a remporté la victoire et a accepté son prix avec une grande humilité.
Tournoi de Poker !
C’est un jeu pour les frimeurs et les sages ! Quand s’arrêter et quand y aller « all-in »! Ce n’est pas un jeu pour les cœurs sensibles. Quand vous jouez ici avec des hommes expérimentés, c’est un bon entrainement pour Poker Millions! Après de nombreuses mains,
David A. s’est révélé être le champion de Waseskun.
En terminant, ce fut une grande fête pour tout le monde, et tous les résidents aimeraient remercier le personnel d’avoir rendu les événements possibles et de nous avoir donné le temps de se ressourcer avant la prochaine session de programmation. Je tiens également à remercier tous les Aînés et les Aidants d’avoir été ici pour des sessions individuelles personnalisées en cette période difficile de l’année.
YOGA – STYLE CRI
Par: David A.
Mon nom est David et je prends part dans un nouveau programme de yoga qui a récemment été introduit à Waseskun. C’est la première fois que je prends un cours de yoga. Je dois admettre qu’à date ce fut une très bonne expérience. J’aime le focus sur les techniques de respiration qui sont étroitement reliées à chaque mouvement. L’habilité d’apprendre comment contrôler ma respiration a plusieurs facteurs bénéfiques. Toute ma vie j’ai eu des problèmes de colère et toutes les pensées qu’y viennent avec parce que j’ai tendance à laisser les choses s’accumuler. Mais le fait d’apprendre comment prendre une grande respiration contrôlée m’a permis de diminuer mes sentiments et la colère rapidement et d’une bonne façon.
Alors quelques fois par jour je pratique ma respiration contrôlée en silence lorsque je suis en groupe ou lorsque je travaille sur un projet. Lorsque j’entends de la négativité de quelque sorte que ce soit, je me concentre tout simplement sur ma respiration et j’arrive à avoir plus de contrôle de soi et aussi dans ma vie en général. Je pratique toutes les positions de yoga deux (2) fois par jour. Ceci réveille vraiment mon corps, ma tête et mon esprit. Je respire avec mes mouvements de façon contrôlée et j’arrive à atteindre une paix intérieure et la relaxation. Aujourd’hui je suis plus calme et mon attitude en général est positive. Et je dors mieux- mon sommeil est plus réparateur et relaxant. Je suis reconnaissant d’avoir saisi l’opportunité de m’enregistrer pour ces cours de yoga. Au départ, lors de l’enregistrement, je me suis dit que ça ne me ferait pas de mal de l’essayer. Et ce fût toute une expérience enrichissante! Je suis totalement accroché (sourire)! J’ai du regret de ne pas avoir essayé ceci dans les années passées. Je me serais épargné bien des problèmes. Je souhaiterais que le yoga soit offert dans toutes les prisons dans le cadre de leur programmation.
Le yoga est une pratique ancienne. Aujourd’hui je suis convaincu que cette pratique ancienne peut être appliquée sur mon chemin de guérison intérieur. Je n’aurais jamais pensé que je pratiquerais et appliquerais le yoga dans mon quotidien. Mais, c’est la façon dont le Créateur fonctionne … essayez-le, donnez-lui une petite chance, vous ne savez jamais.
ATELIER DE TRAITEMENT DES PEAUX
Quiconque a travaillé des peaux sait que l’odeur peut être très âcre et forte. C’est une des raisons pour lesquelles Waseskun a construit un atelier spécifiquement pour la préparation et la tannerie des peaux. Les autres raisons sont l’importance de l’apprentissage de ces compétences traditionnelles, la tannerie des peaux étant un élément clé qui peut être très utile de retour à la maison dans la communauté, et le potentiel à générer une source de revenus. La construction de l’atelier de traitement des peaux a débuté à la fin du mois d’août, et le bâtiment était en fonction dès l’automne. L’atelier mesure 24pi x 16pi, avec des portes de grange extra-larges, de grandes fenêtres, et une bonne ventilation. Le plafond a une hauteur impressionnante de 13 pieds pour accommoder les supports de séchage extra-larges. Un poêle réchauffe l’espace par les temps froid. L’atelier a été construit entièrement par les membres de la communauté, où les résidents avec plus d’expérience ont enseigné les techniques de construction aux moins expérimentés. Bien sûr, comme dans tous les projets de construction de Waseskun, le bois a été coupé sur place à notre scierie, avec du bois provenant de notre ami, Ed Menard. Maintenant, la communauté de Waseskun a un endroit permanent où les résidents peuvent travailler une variété de peaux, que ce soit de cerfs, d’orignaux, de coyotes, d’ours, ou autres quadripèdes, et les transformer en cuir, en babiche et en fourrure, indispensables à plusieurs usages.
WASESKUN: UN CHEMIN DE GUÉRISON
Par : Nikolas Midbo*
Jacques reçoit des candidatures pour le Centre de guérison Waseskun depuis plus de 16 ans. En conséquence, il peut être perçu comme un expert en sachant ce qu’il faut pour qu’un individu connaisse le succès lors de son séjour à Waseskun. Il a offert sa précieuse sagesse dans ce qu’il estime être un candidat fort ainsi que ce qui, selon lui, rend Waseskun si spécial.
Jacques a souligné que les candidats retenus sont des individus très motivés à changer leur avenir pour le mieux : « Ils ont décidé dans leur propre esprit, qu’ils veulent changer leur vie. Ils veulent travailler sur leurs problèmes et leurs traumatismes. Ils sont prêts à accepter ouvertement les soutiens offerts à Waseskun et à les utiliser dans leur cheminement pour devenir de meilleures personnes. » Ce chemin de guérison n’est pas pour les cœurs fragiles, et le voyage de chaque individu est inévitablement rempli de nombreux obstacles. Cependant, les candidats assez courageux pour faire le premier pas et franchir les portes de Waseskun ne sont pas seuls à relever ces défis. Les individus prêts à changer reçoivent tous les soutiens essentiels pour affronter et surmonter triomphalement ces obstacles.
Jacques décrit Waseskun comme une communauté de guérison. Cela signifie que personne ne doit suivre son chemin de guérison seul. Au lieu de cela, les résidents sont soutenus à la fois par le personnel et par leurs ‘frères’ de Waseskun à chaque étape. Des Aidants et Aînés experts sont toujours disponibles pour apporter leur sagesse, leur perspicacité et leurs conseils. Ces conseils sont offerts par le biais du programme de guérison holistique Waseya à travers divers contextes thérapeutiques. Ceux-ci sont basés sur les cultures autochtones, qui comprennent des Cercles de discussion, des cérémonies, des sessions individuelles, des enseignements sur la terre, des Cercles de tambours et de l’artisanat traditionnel. Ces programmes et soutiens sont offerts en français et en anglais. Les Aînés et les Aidants soutiennent également le développement spirituel des résidents dans le contexte de leurs croyances traditionnelles. Cela se fait souvent à travers des enseignements, la médecine traditionnelle et des cérémonies. Cela garantit que les résident sont soutenus pour grandir et se développer dans tous les domaines de leur identité.
Jacques a également souligné l’importance du soutien offert par les pairs à Waseskun. Le soutien actif des pairs permet la création d’un environnement profondément respectueux où les résidents s’élèvent en tant que collectivité. Cet environnement de profond respect est évident dans les nombreuses cérémonies offertes telles que les tentes de sudation, la cérémonie du calumet, et la cérémonie de l’ours.
Waseskun est une communauté multiculturelle et soutient les résidents de divers horizons indigènes. En conséquence, les résidents apprennent souvent des uns des autres et partagent ouvertement leurs divers talents. Les plus récentes possibilités d’apprentissage comprennent des ateliers de fabrication de tambours, la sculpture sur pierre à savon, le travail des peaux, la cuisine traditionnelle, le perlage, le travail du bois et la production de vêtements. Les diverses opportunités disponibles permettent aux résidents de se connecter non seulement avec leur propre culture mais aussi avec la culture des autres. L’avantage dérivé des divers soutiens offerts à Waseskun est évident dans la vie des résidents actuels et passés de la communauté de guérison. Jacques a expliqué que « chaque résident repart avec une croissance et un apprentissage précieux grâce à son expérience ». Ce vaste succès est également rendu possible grâce à l’espace physique et à la beauté naturelle qui entoure Waseskun.
L’environnement naturel est un élément thérapeutique essentiel à Waseskun. Le centre de guérison est situé à Saint-Alphonse-Rodriguez, un petit village aux pieds des Laurentides. Cet environnement naturel vierge offre une atmosphère paisible qui invite les résidents à trouver la paix dans leur âme. L’emplacement de Waseskun offre également la possibilité d’un large éventail d’activités terrestres telles que le camping et les cérémonies hors site. Par exemple, chaque année, Waseskun organise un jeûne traditionnel de plusieurs jours en plein nature vierge. L’emplacement offre également des opportunités uniques d’intégration communautaire en milieu sauvage. Par exemple, des résidents actuels font régulièrement du bénévolat au ranch de chevaux local ou à la Terre des Bisons. Les installations de Waseskun diffèrent radicalement de ce qui est habituellement fourni dans un environnement correctionnel conventionnel. La propriété abrite un large éventail d’installations, y compris des ateliers, une patinoire, un pavillon de traitement des peaux, un pavillon de médecine, des espaces de cérémonie, un pavillon d’artisanat, une salle de musculation, une cantine, une bibliothèque et une salle de classe. Jacques a également mentionné comment ces différents éléments permettent aux résidents de se sentir chez eux.
Lorsqu’on lui a demandé quels conseils il avait à donner aux futurs candidats, Jacques a répondu : « La porte de Waseskun pourrait être, pour tout délinquant motivé, l’étape à franchir et pour se retrouver dans un monde meilleur. La chance est offerte à tous ceux qui frappent à la porte de Waseskun par le biais d’une demande, et s’ils sont acceptés, ils obtiendront l’ouverture souhaitée il y a des années ».
Waseskun est prêt à accepter des candidats qualifiés qui sont motivés et prêts à s’engager sérieusement dans leur guérison. C’est un endroit où les gens peuvent ouvrir la porte à une vie nouvelle qu’ils n’auraient jamais cru possible, car tout le monde a droit à une seconde chance.
* Nikolas travaillait à Waseskun comme stagiaire-étudiant au cours des premiers mois de l’année en cours et, a contribué son aide à une variété de tâches au sein de notre communauté de guérison. Nikolas est très intelligent, cultivé, apte, sensible, amical et versatile dans ses nombreux talents et Waseskun a eu de la chance qu’il fasse parti de son équipe.
FORMATION DE RÉINTÉRATION ET SUPPORT COMMUNAUTAIRE
Par : John Willcocks
Waseskun accueillit des représentants de la communauté d’Obedjiwan de la Nation Atikamekw et d’un Centre Correctionnel Communautaire à une session de formation de Réintégration et Support Communautaire du 18 au 20 février dernier. Nous avons été heureux de voir que l’un des participants était un ancien résident de Waseskun qui œuvre maintenant comme travailleur social et qui fait présentement son BAC en travail social. La session a été offerte au magnifique centre de guérison Mshkiki à St-Didace, QC.
Les sessions furent animées par l’Aîné de Waseskun, Dennis Nicholas. Dennis mis l’emphase sur des sujets que les participants avaient identifiés comme étant des inquiétudes spécifiques dans leurs communautés. Dans chaque cas, il a stressé l’importance de cérémonies et médecines afin de résoudre des conflits et de guérir les traumatismes. Des cérémonies prirent place afin de démontrer la puissance et fournir des expériences de premier plan pour les participants.
Lors de la dernière journée la session s’est dirigée vers Waseskun où le groupe participa dans un Cercle avec les résidents. Les résidents partagèrent leurs expériences par rapport aux cérémonies durant leur séjour au centre et, offrirent des conseils aux participants alors qu’ils se préparent à supporter des hommes qui retournent dans leurs communautés. Tous les participants de la session – les invités, les résidents, le formateur et les membres du personnel – ont exprimé leur gratitude et appréciation pour l’opportunité d’apprendre et de partager.
Des sessions de formation de Réintégration et Support Communautaire sont rendues possibles à travers l’initiative de ‘Reconstruire le Cercle’ de Waseskun, qui est supportée par le programme de Développement de la Sécurité des Communautés Indigènes. Les sessions de formation, l’hébergement et les repas sont fournis gratuitement aux communautés et organismes de support. Pour de plus amples renseignements ou pour une réservation lors de sessions prochaines, veuillez communiquer avec John Willcocks, Coordonnateur du Développement Communautaire au (450) 883-2034, poste 243 ou par courriel à johnwillcocks@waseskun.net.
VISION DE L’AIGLE : UNE ENTREVUE AVEC l’AÎNÉ ANISHINABE SOLOMON WAWTIE
Par : Nikolas Midbo
Par une froide après-midi d’hiver, j’ai eu l’occasion d’écouter et d’apprendre de l’Aîné Anishinabe Solomon. Il se défini comme un être stellaire dont l’esprit monte en flèche comme un faucon. Il a illuminé la pièce de sa profonde sagesse, partageant ouvertement ses réflexions sur ce que c’est d’être un humain. Solomon croit que nos consciences dépassent de loin les limites de notre existence physique. À ses yeux, nous sommes tous d’éternels êtres stellaires vivant une expérience humaine. C’est une vérité qu’il lui semble que le monde moderne tend à supprimer de façon à maîtriser le pouvoir réel de notre conscience, et de son potentiel infini. Il relate comment «la société nous a porter à croire que nous sommes uniquement un corps mortel. Cela complique notre vision et dérange notre habileté à voir le monde à travers les yeux de l’aigle ».
Solomon décrit la vision de l’aigle comme étant la capacité universelle de voir et reconnaître tous les êtres vivants. C’est une manière de voir au-delà de notre propre personne et reconnaître notre interconnexion et notre dépendance au monde qui nous entoure. En voyant le monde au-delà de notre propre existence, nous sommes libres d’étendre notre sens du soi. En redéfinissant notre sens du soi, nous sommes capables d’augmenter notre capacité d’avoir à la fois de la compassion et une compréhension de notre communauté universelle.
La vision de l’aigle nous permet aussi de reconnaître le point de vue des autres. Cela inclut de prendre en compte la perspective des autres royaumes qui habitent l’Ile de la Tortue, tels les arbres, poissons, plantes, oiseaux et animaux. Par conséquent, la vision de l’aigle nous permet de se connecter à tous les êtres vivants, petits ou 19 grands, puissants ou doux. C’est à travers cette perspective au-delà de notre sens du soi que nous commençons vraiment à comprendre le monde ainsi que notre rôle dans celui-ci. Cette compréhension universelle commence avec l’action d’observation en pleine conscience.
Solomon raconte comment le savoir empirique occidental et la science ont commencé avec l’action d’observer. Les Premières Nations, comme les Anishinabe, ont également acquis leur savoir traditionnel de leur environnement à travers l’action d’observation en pleine conscience. Il explique comment ils ont observé les étoiles, animaux et la médecine. Ils ont reconnu que ce sont des êtres qui sont venus nous enseigner. À cet égard, même le savoir traditionnel qui n’est pas enregistré continue d’être éternel puisque c’est écrit dans le monde vivant qui nous entoure.
Solomon explique davantage comment des médecines comme la sauge et le tabac ont été offerts aux humains en tant que puissants enseignements. Ils nous aident sur notre cheminement alors que nous avançons vers la connaissance de qui nous sommes réellement. Il renchérit que : « le tabac est une médecine qui nous permet de transformer notre douleur en prière ». Le feu qui enflamme la médecine est un élément purificateur. Cela permet à l’essence de la médecine d’aller au-delà du monde que l’on voit de nos yeux. Solomon explique comment notre aura est une manifestation de notre existence comme êtres étoile. La purification avec le tabac nettoie notre aura. Il compare cela à prendre une douche pour l’esprit. Au cours de notre vie, notre esprit ramasse des cadeaux non-désirés. La purification nous aide à relâcher ces cadeaux non-désirés de façon à ce que nous soyons plus légers. Il a également raconté comment chacune de ces médecines sont données à l’humanité gratuitement en offrande. Donc, afin de maintenir ces médecines pures, il ne faut pas tenter d’en tirer profit. Elles doivent demeurer une offrande qui se passe d’un cœur au cœur de celui qui le reçoit. En tant que cadeau du cœur, ces médecines demeurent sacrées.
ENTREVUE AVEC UN RÉSIDENT
(Pierre P.)

Je suis à Waseskun depuis déjà plus que six mois. Les programmes qui viennent plus me toucher sont les programmes sur les dépendances et la violence, des choses qui ont fait partie de ma vie et ça m’aide. J’aime parler. J’ai fait la Cérémonie de l’Ours avec Dennis, mais il y avait beaucoup de monde et j’ai eu de la misère. J’ai crié mais je n’ai pas ressenti de bien être après. J’étais trop crispé, j’ai eu de la misère à rentrer à l’intérieur de moi parce que je sentais qu’il y avait trop de monde autour de moi, j’étais mal à l’aise. J’aime beaucoup notre Aîné Dennis, c’est une personne que quand je le vois, je ressens beaucoup d’amour et qu’il veut aider. Je considère que la plupart des gens qui travaillent ici sont du bon monde, qui sont là pour aider. J’ai fait des tentes de sudation, j’en ai fait 4. Après je me sentais mieux, léger. J’ai bien dormi ces soirs-là.
L’écriture m’aide beaucoup. J’écris beaucoup, sur ma vie. J’ai écrit un court texte pour le journal de Waseskun (voir p. 38), j’en suis fier. En prison, l’écriture m’a gardé loin du négatif. Ici c’est la même chose. À part l’écriture, je ne suis pas quelqu’un qui fait de l’artisanat ou des masques mais j’en ai quand-même fait pour ma fille. Je suis habitué de lui acheter des cadeaux, mais je ne lui avais jamais fait de cadeau fait de mes mains. Lorsqu’on a eu l’atelier sur le cuir, je lui ai fait des mocassins, ce qui m’a aidé à travailler ma patience. Je suis un gars impatient qui veut toujours faire vite. J’ai pris 2 semaines pour terminer les mocassins. J’ai mis beaucoup de cœur et beaucoup de temps. Et j’étais fier du résultat. Ma fille les a chez elle et elle les a tout le temps dans les pieds lorsqu’elle est à la maison. Elle est bien contente de les avoir. Je lui ai aussi fait une bague en pierre de savon. Ça aussi c’était un peu de la thérapie, ça m’a fait travailler ma patience. Un coup le résultat fini, j’ai été surpris de pouvoir avoir du talent dans autre chose que l’écriture. Mais c’est sûr que l’écriture est ce qui m’aide le plus et ce qui m’a donné une raison de vivre, à part travailler, une passion que je ne connaissais pas. J’aimerais écrire des articles même si ça ne paie pas, ce n’est pas pour l’argent.
Ma confiance augmente. J’ai écrit beaucoup de textes et chaque fois, je les fais lire au personnel il me donne toujours de bons commentaires, des opinions et des conseils même. Ça m’encourage à continuer. Des fois, je perds un peu les idées et la confiance. Je lis beaucoup et quand je lis les livres des autres écrivains et je me compare. Quand je me compare, je me sens moins bon.
J’ai gagné un concours national qui était partout au Québec. Sur 545 textes, j’ai gagné le premier prix avec « Ma plus belle histoire » (reproduite dans cette édition, p. 26-27). Après, une comédienne connue au Québec, Anick Lemay, l’a lu dans un gros show qui se passait à Montréal, au National. Là, c’est rendu sur YouTube. La façon qu’elle l’a récité, elle l’a joué, elle est comédienne. J’ai eu des frissons en écoutant ça. Même Jérémy qui l’a écouté avec moi m’a dit : « Wow, c’est bon! ». J’étais bien content de ça. Ma fille aussi était fière de moi. Je suis content de montrer à ma fille un autre côté que mon côté dur. J’étais dans la criminalité, c’est sûr, j’étais en prison pour ça, mais je suis content qu’elle voit autre chose de moi.
C’est évident que je suis dans un processus de transformation. C’est sûr que je ne peux pas changer mon visage, je sais que j’ai un visage dur. Quand on me voit, la première impression qu’on a c’est que je suis dur d’approche. Mais je me sens tellement mieux, ma façon de penser a changé, avant de juger quelqu’un, je réfléchi et quand je me vois aller dans des comportements que j’aurais eu avant, j’en prends conscience assez vite. Même un membre du personnel m’a dit et ça m’a beaucoup encouragé, que quand il m’a vu entrer ici, il a vu un gros changement. Il dit que quand il voit qu’un gars vaut la peine, il va tout faire pour l’aider. Ça m’a fait du bien d’entendre ça parce que quand on te dit que tu vaux la peine, mon estime, ma confiance a augmenté, tu comprends. C’est là que je vois le changement.
J’ai mes cartes de chauffeur de chariot élévateur, je peux m’en aller là-dedans, c’est ça mon idée à faire après Waseskun. Ce qui va me garder sur le droit chemin, c’est l’écriture. J’ai un plan précis pour ça : m’acheter un beau laptop, avec une imprimante, j’ai mon logiciel Antidote, et je vais continuer à écrire. Et comme ma fille va me ploguer avec des journaux d’une grande ville, mon plan c’est d’écrire des textes, des opinons ou whatever. Pis même si mon travail n’est pas ce qui va me satisfaire pleinement, l’écriture, elle, va me donner le sentiment d’être vivant. D’être quelqu’un qui fait quelque chose, qui a une passion.
Sinon, avant j’ai déjà sorti en libération conditionnelle. Je commençais à travailler, je revenais chez nous, je regardais la tv, je jouais au PlayStation. Ma vie était plate. C’était tellement plate, je sentais que je ne faisais rien de bon, alors je retournais à la consommation. C’est tout ce que je connaissais pour avoir du plaisir. Pour m’apporter un soulagement éphémère, l’écriture, c’est rendu ma drogue. Je passe devant la Commission des Libérations Conditionnelles cet été. Mon plan est d’aller en transition en région. Il y a un programme toxicomanie pendant 6 semaines à la maison de transition et après tu peux faire ta réinsertion sociale, faire ton CV. Comme je dis, je vais trouver un emploi là-bas et quand je serai prêt, je vais revenir en ville. Ma fille est y est.
Je dirais à des gens qui pensent appliquer pour venir à Waseskun que Waseskun ce n’est pas un camp de vacances ou pour faire du temps, comme on dit entre nous, c’est une place pour travailler sur soi. À un moment donné, on trouve sa voie. Mon fils s’est suicidé à l’âge de 20 ans, je voulais travailler sur le deuil, sur mon sentiment de culpabilité en rapport avec son suicide. Ça aussi j’ai travaillé là-dessus. Je me sens mieux qu’avant, quand j’en parle et quand j’y pense. J’en parle pas mal dans les programmes, parce que ça été quelque chose de gros dans ma vie. J’étais proche de mon gars, comme de ma fille. Il s’en allait à l’université pour être géologue. Il était très intelligent, il ne consommait pas de drogue. Il a eu une peine d’amour et moi je suis rentré en prison en même temps. Il s’est senti seul et abandonné. Il aurait 33 ans aujourd’hui, un beau petit gars, un bon garçon. Les gens qui veulent venir ici, il faut qu’ils soient prêts à travailler sur eux. Ce n’est pas toujours facile, y’a des jours on trouve ça dur, c’est sûr. Mais, on est bien, on est dans la nature.
CARENCES AFFECTIVES 1967
Par : Pierre P.
Se pardonner et pardonner aux autres, ce sont deux courants d’une même rivièrequi peuvent être obstrués par le barrage du ressentiment…
Par une belle journée du mois de juin, Montréal vit ses plus beaux moments. L’Expo universelle bat son plein, le métro est en construction, la Ronde et l’île Ste-Hélène prennent vie avec la terre récupérée des tunnels. Sous le règne du maire Jean Drapeau, Montréal est la coqueluche du monde entier, elle fait partie de l’élite internationale.
En ces temps de réjoujissance, l’alcool coule à flots dans une habitation à prix modique du quartier Rosemont. Au coin de la deuxième avenue et Masson, où alcooliques et toxicomanes se côtoient, de l’appartement deux on entend un bébé qui hurle puis une femme qui crie : ‘’Va donc voire pourquoi y braille calvaire!’’ Léo s’exécute sans rouspéter, il ne veut surtout pas contrarier Thérèse qui a déjà un couple de verres dans le nez, même s’il est tôt.
Thérèse est autochtone, elle est originaire d’une réserve micmaque du NouveauBrunswick. Elle boit du gros gin sans eau, ce qui la rend peu sociable. Celui qui ose lui faire face mange le verre en pleine figure; naturellement, elle prend le temps de le vider avant.
Léo (Léonidas), lui, est un petit homme sans malice, originaire du Lac-Saint-Jean, alcoolo lui aussi. Quand Thérèse n’est plus endurable, il sacre son camp à la taverne au coin de la Deux.
Malgré leur dépendance à l’alcool, ces deux malheureux ont eu sept enfants. Je suis le septième qui, selon la croyance populaire, a un don : le seul que j’ai pu constater tout au long de ma vie est celui de me mettre dans le trouble.
Ce n’est pas une grossesse qui pouvait diminuer la consommation d’alcool de Thérèse, il y a une maxime des alcooliques anonymes qui dit : ‘’Il y en a de ces malheureux, ils semblent être nés ainsi’. En naissant, je pétais le point huit. Lorsque le médecin m’a viré de bord pour respirer, j’ai vomi sur ses chaussures…J’étais déjà condamné héréditairement à un problème d’alcool.
Ma sœur Johanne, alors âgée de sept ans, était la seule encore avec mes parents. Quatre de mes frères étaient en famille d’accueil. Alain, le plus vieux, est parti en appartement à l’âge de 16 ans.
Lorsque Léo était à la taverne ou qu’il travaillait, Thérèse avait la fâcheuse habitude de s’endormir dans l’après-midi. Lorsque ma couche était pleine ou que j’avais faim, le seul moyen que j’avais pour exprimer mes besoins était de hurler, ce qui alertait les voisins. Ceux-ci, exaspérés par les cris, ont communiqué avec les services sociaux. Constatant que ma mère n’était pas apte à prendre soin de moi, ils ont confié ma garde aux Sœurs Grises à la Crèche d’Youville sur la rue Saint-Hubert. Je n’ai pas de souvenir de mon passage avec les sœurs.
Ceux que j’ai viennent de ce qui m’a été raconté par une de mes travailleuses sociales. L’image qui me vient en tête, quand je me remémore son récit, ce sont des bébés cordés dans des couchettes derrière une vitrine et qu’on choisit comme si on faisait son épicerie ou qu’il voudrait adopter un chiot à la SPCA… ‘’J’le veux pas trop jeune, déjà propre si possible.’’ Quelle triste histoire! C’est la réaction que la plupart des gens auront en lisant ce récit.
À ce moment-là, je n’ai que deux mois, je ne suis pas conscient de mon statut. Je suis un enfant comme les autres, avec toute sa spontanéité et son innocence. Parmi les premiers foyers nourriciers que j’ai faits, je n’ai rien de négatif à dire. Parmi ceuxci il y a Tonio, un colosse au crâne rasé, bouré de tatous et un grand fan de Molson. Malgré son allure de brute, il fait partie des plus beaux souvenirs que j’ai de mon enfance. Parmi ceux-ci, il y a les soirées du hockey le samedi soir à Radio-Canada. Tonio était bien installé ans son vieux lazy-boy brun tout craquelé. Moi j’étais assis par la terre entre la boite de pizza et la grosse Molson.
J’étais à l’affût! Prêt à réagir lorsque miss Molson serait vide. C’est moi qui avais le contrat de réapprovisionner mon mentor. Pour exécuter mon contrat, j’avais un tracteur à pédales en plastique orange. Quand je voyais qu’il ne restait que ‘’d’la broue dans bouteille, je partais avec d’une main, l’autre sur le volant, pis j’pédalais tellement vite que ma roue d’en avant virait de t’sour.’’
Je devais exécuter mon contrat sans faille si je voulais continuer à me coucher tard le samedi soir. En arrivant à la cuisine, je grimpais sur une chaise, j’ouvrais le frigidaire et je sortais la grosse. Puis direction l’ouvre-bouteille qui était vissé après l’armoire. De mes quatre ans, je forçais comme un bœuf pour l’ouvrir. Ensuite, je devais revenir sans renverser ma précieuse cargaison. Pour ce faire, je la tenais entre mes jambes… N’oubliez pas qu’on est dans les années 70.
Je me rappelle le jour où j’ai perdu mon innocence d’enfant, c’était en première année. On avait un formulaire à faire signer par nos parents. Il était sur mon bureau en attendant que le professeur le ramasse. Un gars de ma classe l’a regardé puis m’a dit : ‘’Pourquoi tu ne t’appelles pas Therrien comme tes parents’ ? » J’ai figé, je savais que ce n’étaient pas mes vrais parents, mais je n’avais jamais eu le besoin de me justifier à ce sujet. J’ai cherché à quoi je pouvais comparer le malaise que j’ai ressenti ce jour-là. Puis j’ai pensé à Tarzan lorsqu’il a vu des hommes pour la première fois dans la jungle et qu’il a compris qu’il n’était pas un singe…
Peu importe notre passé, nous avons tous besoin au moins un bon souvenir d’enfance. Saurez-vous en trouver un?
LA RÉINTÉGRATION PAR L’ÉDUCATION
Centre Barbara Monture Malloch pour l’Éducation et la Recherche
Le Centre Barbara Monture Malloch pour l’Éducation et la Recherche est la plus récente initiative de Waseskun pour favoriser une réintégration sociale réussie pour les membres de notre communauté. Le Centre offrira des cours de niveau secondaire et des opportunités post-secondaires pour les résidents, en partenariat avec des écoles et des universités. Des activités éducatives et de recherches culturelles, d’employabilité et d’intérêt général seront également offertes. Le Centre offrira aux résidents plus âgés l’opportunité de développer les compétences technologiques de base dont ils auront besoin lors de leur libération (ordinateur, Internet et l’utilisation d’un téléphone intelligent).
Notre collection de livres en voie d’expansion et est en réorganisation en vue de devenir une véritable bibliothèque. Une pièce lui a été spécialement assignée, et un de nos résidents a construit des étagères sur mesure. Notre bibliothécaire, un de nos résidents, a catalogué près de 900 livres, avec de nouveaux volumes qui arrivent régulièrement. Les résidents sont encouragés à emprunter de la littérature de fiction et de non-fiction en français et en anglais. Nous procéderons également à l’achat d’abonnement à une variété de magazines et revues périodiques imprimés et en ligne.
La seconde phase du projet verra l’agrandissement de la salle de classe et la salle d’ordinateurs. Cela donnera accès à des programmes d’apprentissage sur ordinateur aux membres de la communauté, ainsi que de plus fréquents accès supervisés à Internet pour de la recherche et les visites familiales par vidéoconférence. Avec l’apprentissage par ordinateur, les résidents auront accès à une variété de programmes, allant du développement de nouvelles compétences en emploi à des cours d’intérêt général, également des cours sur des sujets spécifiquement déterminés.
L’agrandissement de la salle d’ordinateur permettra de l’utiliser comme salle d’enseignement des compétences informatiques de base aux membres plus âgés de la communauté qui préparent leur réinsertion après de longs séjours en prison. Il n’est pas rare que ces hommes plus vieux n’aient jamais eu la chance d’utiliser un ordinateur ou d’aller sur Internet. De nos jours, puisque tout se fait en ligne, de la recherche d’appartement aux transactions bancaires, la technologie est devenue une compétence de vie de base devant être apprise par tous.
L’apprentissage et le développement des langues autochtones sera une des facettes centrales du Centre. Nous profiterons du large éventail de modules d’apprentissage par ordinateur qui sont développés par les communautés d’un océan à l’autre. Pour renforcer les compétences linguistiques, Waseskun va mettre l’accent sur l’accueil d’Aînés invités et de ressources provenant d’un large étendard de langues.
Une Coordonnatrice pour le Centre d’Éducation et de Recherche a été embauchée et prendra en charge le développement et l’opération de ce centre à compter de la mi-avril. Nous embaucherons également un Animateur d’Activités qui travaillera en collaboration avec la coordonnatrice afin d’organiser et animer de nouveaux programmes. Une des premières tâches qu’entreprendra la coordonnatrice sera d’établir des partenariats avec des universités et collèges afin de permettre à la communauté de Waseskun d’avoir accès à la formation à distance, aux programmes de diplômes en ligne et l’accès aux bibliothèques virtuelles pour la recherche
Nous avons vu les avantages que les études post-secondaires peuvent avoir pour une réinsertion réussie. Un excellent exemple de cela est celui d’un ancien résident qui a complété son baccalauréat en commerce et a débuté des études supérieures pendant son séjour à Waseskun. Maintenant de retour dans la société, ce résident entamera un doctorat à l’été. Il écrit : « Trop de gens perçoivent et utilisent les prisons comme des lieux pour infliger une punition et pour rendre des comptes par opposition à un endroit où les hommes et les femmes peuvent grandir et apprendre. Il n’y a aucun doute dans mon esprit que ma vie serait bien différente aujourd’hui si je n’avais pas eu mon éducation pour me garder ancré et concentré sur mon futur… Je ne serais certainement pas ici si ce n’était de Waseskun et de tout le support qu’on m’y a donné à travers les années. »
Le Centre d’Éducation et de Recherche est nommé en hommage à Barbara Monture Malloch, un membre fondateur du Conseil d’administration de Waseskun, et où elle a servi en tant que Présidente pendant 27 ans. Barbara est toujours active au sein du Conseil d’administration et a toujours de grand soutien pour Waseskun depuis sa fondation il y a plus de 30 ans.
FABRICATIONS DES RAQUETTES
Par : Donaven M.
Nous avons reçu la visite de l’Aîné Roger de Obedjiwan, et il nous a enseigné comment tresser la raquette. Ce fut difficile parce que c’était la première fois que j’apprenais ceci. À plusieurs reprises, j’ai demandé l’aide de Roger. J’ai fini par y arriver avec quelques défauts sauf que je n’ai pas lâché. Ce n’est pas tout à fait acquis, j’attends que Roger revienne pour le refaire si possible.
Moi, je fais surtout des mocassins, gants et mitaines traditionnelles. C’est avec les Cris qui viennent parfois ici que j’ai appris et, encore là c’était nouveau. J’ai développé ma patience, ma résilience, et appris cette compétence de comment faire cet artisanat. Et j’ai développé davantage ces qualités en travaillant sur les raquettes.
Je travaille for sur ma guérison personnelle pendant mon séjour à Waseskun et, je suis concentré surtout sur ce que j’ai fait dans mon passé, mes regrets et aussi ce qui me tracasse à l’intérieur. Je me connais mieux et j’apprends à commencer à me pardonner. Ici ça dépend comment on s’applique dans notre guérison personnelle. Pour moi, l’introspection de ma vie m’a beaucoup aidé à comprendre d’où viennent mes problématiques. Pouvoir en parler fait un bien intérieur et avec les cérémonies qui existent à Waseskun, ça aide énormément à notre guérison personnelle. Pour les futurs résidents c’est un bon choix de se retrouver ici s’ils veulent s’en sortir et guérir des blessures du passé.
La volonté de changer est importante, et il faut y croire. Bien sûr il y a des hauts et des bas mais il faut savoir les gérer. J’encourage les gens à ne pas lâcher et a faire du bon progrès dans leur cheminement.
FELIX
par: Daryle K.
Nous vous présentons Félix, le seul résident à quatre pattes de Waseskun. Il est entré sur la propriété au début de l’automne 2018. Il était très maigre et il avait environ 2’’ de queue manquante. Elle était en sang et une partie de la peau était exposée. De toute évidence, il était très affaibli par la faim. Quelques résidents firent sa connaissance pour la première fois devant notre bâtiment de la cantine. Ils furent très réceptifs et Félix n’était pas du tout timide ou appréhensif lorsqu’un résident lui offrit des rondelles de Fritos. Les chats sont des prédateurs et vont rarement manger autre chose que de la viande. Mais ce chat-ci était très ouvert à’accepter de la nourriture non-conventionnelle qui lui était offerte et, ce fut à ce moment que les résidents se sont aperçus qu’il crevait de faim. Plus tard dans la soirée, plusieurs résidents furent en mesure de lui offrir de la nourriture mieux adaptée pour les chats.
Cela a pris environ deux semaines pour que Félix se rétablisse des épreuves qu’il a enduré avant d’arriver à Waseskun. Au fur et à mesure qu’il devenait plus fort, il a commencé à démontrer son appréciation pour l’affection qui lui était offerte. Et c’est à ce moment que les résidents lui ont donné le nom de Félix et l’ont accueilli comme membre de la communauté. Il semble que le pouvoir de la guérison de Waseskun va au-delà des humains.
Félix a trouvé sa place à Waseskun et à plusieurs occasions il a dû littéralement se battre avec d’autres chats errants afin de garder le contrôle sur ce qui est maintenant son territoire. Les résidents le traitent avec gentillesse et respect et, Félix lui, semble vraiment aimer sa ‘famille’ humaine. Souvent on peut apercevoir des résidents assis seuls avec Félix partageant ce qui leur trottent dans la tête. En effet… de la bonne médecine!
EXPÉRIENCE À LA FERME DES CHEVAUX
Par : Daryle K.
À l’été 2019, les résidents du Centre de Guérison de Waseskun se virent octroyés l’accès à une ferme de chevaux en développement afin d’utiliser le site pour faire des petites randonnées à dos de cheval. Le partenariat avec cette ferme a été accueilli comme une opportunité pour les résidents de développer leurs forces émotionnelles alors qu’ils sont sur leur chemin de guérison. Ces sorties donnent aussi aux résidents l’opportunité de sortir du Centre et de contribuer à la communité environnante.
En tant que résident, j’avais hâte de participer dans ce nouvel aspect de ma guérison depuis le moment où j’eut connaissance que l’entente de partenariat fut finalisée. Comme peuvent l’attester les amoureux et propriétaires d’animaux, ceux-ci vous offrent des moments de relaxation, d’humeur et de paix d’esprit et de corps. La thérapie animale est une méthode prouvée de relaxation pour les individus qui éprouvent des difficultés mentales et émotionnelles. Personnellement j’ai toujours aimé être en présence d’animaux.
L’interaction avec les chevaux est bien différente des interactions avec votre chat ou chien domestique. Les chevaux sont généralement utilisés pour l’équitation et sont rarement traités comme on traiterait un animal domestique. Ils ont besoin de traitements plus adaptés à leurs besoins contrairement à un chien ou un chat qui aide à votre relaxation. Les besoins des chevaux font en sorte que vous devez être conscients de l’état émotionnel de cette bête. Aussi, les chevaux sont très à l’affût de votre état émotionnel- chose dont vous devez être conscient lorsque vous êtes en leur présence. Le cheval doit être détendu afin que vous puissiez le toiletter ou lever sa patte pour vérifier si les sabots causent des blessures et aussi pour le nettoyage. Les chevaux sont des animaux très puissants et peuvent vous causer du mal si vous ne faites pas attention et que vous n’êtes pas soucieux de leur état émotionnel.
Travailler avec les chevaux dans cette courte période de temps m’a appris à être très attentif de l’état émotionnel de ces merveilleuses bêtes et, de mon propre état émotionnel avant de les approcher. Ils sont des sont des êtres sociaux qui ont un ordre hiérarchique et ils voient les humains comme chefs lorsque vous êtes en leur présence, mais ils n’accepteront que la stabilité.
La ferme des chevaux permet aux résidents de Waseskun d’aider à entretenir le site par le nettoyage et le développement de sentiers, et par les réparations et autres améliorations. Les chevaux peuvent fournir un outil d’enseignement précieux pour les résidents qui choisissent de participer dans cet aspect de la thérapie, tout en permettant l’apprentissage et la contribution à la communauté environnante.
LA PATINOIRE DE WASESKUN
Par : Pierre P.
1977 le Canadien de Montréal remporte une troisième coupe Stanley consécutive. Ils n’ont subi que dix défaites en quatrevingts parties. Guy Lafleur remporta pour une troisième fois le championnat des marqueurs. Ken Dryden, lui, décrocha le trophée Vézina pour le meilleur gardien de but de cette année prolifique. Il était mon idole, les murs de ma chambre étaient tapissés d’affiches et cartes de hockey le représentant. Je m’étais même fabriqué un masque tricolore identique au sien. Le samedi soir je ne ratais jamais les matchs à l’antenne de Radio-Canada. Je rêvais de devenir gardien de but comme mon idole, d’être le futur cerbère du Canadien de Montréal. Mais malheureusement mes tuteurs en famille d’accueil n’avaient pas les moyens de m’acheter un équipement et m’inscrire dans une équipe de hockey.
Malgré tout, je pouvais jouer avec mes amis à la patinoire extérieure du village. Le dimanche matin, j’étais toujours fébrile à l’idée de mi rendre pour assouvir ma passion. Un de mes amis me passait son équipement de gardiens de but et ensuite nous formions deux équipes. Mon imagination fertile me permettait de me créer toute sorte de scénarios. Nous étions le Canadien de Montréal qui disputait un match de série éliminatoire contre les méchants Bruins de boston. Lorsque j’introduisais mon visage à l’intérieur de mon masque, la métamorphose se produisait, je devenais Ken Dryden pour une journée. On jouait jusqu’à l’heure du souper, jusqu’au temps que les jambières de cuir soient gorgées d’eau et pèsent une tonne.
Ces souvenirs me sont revenus en mémoire lorsque j’ai vu la patinoire que deux résidents ont fabriquée sur le terrain de Waseskun. Par un vendredi ensoleillé de la mijanvier, un résidant me demande si je veux jouer au hockey dans l’après-midi. Sur le coup j’hésite, j’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être capable de suivre les plus jeunes. Puis je vois arriver un autre résident avec des jambières qu’il a fabriquées avec des coussins et des gants de baseball qui pourront compléter cet équipement de gardien de but rudimentaire. Cela me motive et je retrouve le même sentiment de compétition qui m’habitait lorsque j’étais jeune. Nous sommes une dizaine de gars, assez pour former deux équipes. Pendant que j’enfile mon équipement primitif, je vois un membre du personnel sauter sur la glace, il file comme une fusée sur ses patins, je suis impressionné par sa dextérité avec un bâton de hockey. Je le vois venir vers moi avec la rondelle, je dois faire l’arrêt! Il tire un plomb top corner que je n’ai même pas vu passer. Bordel! Il faut qu’il soit dans mon équipe. Ensuite un autre résident vient vers moi avec autant de vitesse et avec une feinte à la Connor Mc David me fait prendre une tasse de café et compte. Merde! Je suis une vraie passoire! Mon orgueil en a pris un coup. Nous avons formé nos équipes puis nous avons joué toute l’après-midi. Le soir en me couchant je me sentais léger, un sentiment de fierté m’habitait. Pour conclure, je crois que retrouver l’enfant en soi, fait partie d’une des meilleures thérapies que l’on puisse faire pour notre bien-être.
RANDONÉES EN RAQUETTES
Une paire de raquettes, une forêt silencieuse et un groupe de frères – que demander de mieux par une belle journée ensoleillée d’hiver? Faisant partie des programmes en cours, le Centre Waseskun offrait les sorties en raquettes à ses résidents. La première sortie s’est tenue au Centre de Santé par le Cheval Koinonia, une ressource communément appelé la « Ferme des chevaux » (voir l’article, p. 36). Comme la ressource n’est pas ouverte au public, nos résidents accompagnés de leur escorte ont pu bénéficier des 100 arpents disponibles à eux seuls.
Malheureusement, l’arrivée du Coronavirus a mis fin à ces sorties et le programme fut annulé pour le reste de la saison. Mais maintenant le printemps s’amène et la neige disparaîtra bientôt. Nous prévoyons assurément que ces sorties reprendront l’an prochain. Aussi, nous devrions être en mesure de débuter un programme de randonnées sur les sentiers de Koinonia pendant le beau temps de cette année et dès que les restrictions seront levées et que la santé des individus ne sera plus à risque.
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